Liste des Commentaires

Avec les mots écrits à leur juste valeur, Laura Poggioli évoque la Russie d’aujourd’hui à travers son vécu, et le parricide du 27 juillet 2018 à Moscou. Elle nous peint le cercle familial russe dans lequel l’autorité parentale puise sa force dans la violence, le plus souvent sous l’emprise de l’alcool, mais pas que…un proverbe russe dit : « s’il te bat, c’est qu’il t’aime ». Violence du mari, du père, envers sa femme, ses filles, et, parfois, le fils lorsque ce dernier ose contrer l’homme qui impose sa loi sous les coups donnés sans explication, des blessures commises dans l’indifférence totale de l’autorité policière et des services sociaux. Le drame familial, l’assassinat de Mikhaïl Khatchatourian ayant ébranlé les consciences, que reconstitue l’autrice avec une part de fiction tout en s’appuyant sur des témoignages et reportages télévisés, perpétré par les trois sœurs Krestina, Angelina et Maria, a mis en avant ce que l’état banalise comme étant de simples querelles à régler au sein de la cellule familiale, y compris les sévices sexuels (viol, attouchement, inceste, etc.). Le roman remonte le temps pour nous expliquer, année après année, sous le regard des icônes, qu’il ne peut y avoir qu’une seule issue pour que le calvaire s’arrête : la disparition de ce père trafiquant de drogue et d’armes qui sert l’église orthodoxe tous les dimanches (les péchés sont lavés), et qui revient après les séjours en hôpital psychiatrique. Au fil des pages, l’autrice évoque aussi le sentiment haineux russe vis-à-vis des ethnies minoritaires de l’ancienne URSS (Moldavie, Azerbaïdjan, Géorgie, Caucase), l’homophobie, la corruption, les trafics.

Pages