Résumé : Apparemment, elle écoutait de la musique quand… C’est assez réconfortant, à mon sens. Le disque tournait encore sur la platine lorsque je suis arrivée. Le diamant était bloqué dans le sillon en bout de face. Elle se perdit un instant dans ses pensées ; et même si elles avaient quelque chose de morbide, elle faillit laisser échapper un sourire. En fait je me suis même demandé, au début, si elle ne chantait pas sur la musique, quand j’ai vu le micro dans sa main. Gill la dévisagea. C’était la chose la plus ahurissante qu’elle ait entendue de toute la semaine. Une vision de Tante Rosamond égayant son agonie d’une séance de karaoké improvisée lui traversa l’esprit. Dans l’appartement de la défunte, Gill trouve des boîtiers de cassettes et un petit mot sur lequel Rosamond lui demande de remettre les enregistrements à une certaine Imogen, une lointaine parente aveugle. Après avoir vainement tenté de la retrouver, Gill décide un jour d’écouter les cassettes. Elle découvre comment, s’appuyant sur la description de vingt photos, Rosamond raconte à Imogen le récit de sa propre existence, jusqu’au moment où Imogen en est sortie. Dans le miroir des mots, les portraits se mettent en place. En prenant cette distance que lui donne la voix féminine de sa narratrice, en collant plume et âme à la richesse intérieure de ses personnages, Jonathan Coe s’est octroyé ici une respiration nouvelle. Puissamment architecturé, La pluie, avant qu’elle ne tombe est l’un de ses romans les plus aboutis.